Au cours du développement embryonnaire, les tissus subissent des changements morphologiques complexes afin de former des organismes pleinement fonctionnels, ce processus est connu sous le nom de morphogenèse. Des forces actives, souvent dues à la contractilité et à l’adhésion des cellules, alimentent ces changements de forme. La manière dont ces forces sont orchestrées dans l’espace et dans le temps pour former correctement les tissus est mal comprise. Dans cette étude récemment publiée dans Developmental Cell, Claudio Collinet et Anaïs Bailles, du groupe de Thomas Lecuit, se sont concentrés sur une vague de contractilité de l’actomyosine et d’invagination des tissus, qui entraîne l’extension de l’axe du corps embryonnaire de la drosophile, afin de comprendre comment la configuration génétique des signaux mécaniques et la forme du tissu ont un impact sur la morphogenèse. Les auteurs ont zoomé sur le processus en utilisant la microscopie à imagerie en direct et ont découvert que la vague d’invagination des tissus émerge d’une séquence orchestrée d’interactions avec la membrane extra-embryonnaire qui enveloppe l’embryon, appelée membrane vitelline. Les cellules adhèrent à cette enveloppe, activent MyoII et s’en détachent en une vague. Collinet et al. identifient deux processus de rétroaction mécano-chimique qui régulent la contractilité cellulaire. Ils découvrent également l’impact de la configuration géométrique du tissu sur les forces mécaniques impliquées dans l’invagination du tissu. Cette étude illustre comment les mécanismes de rétroaction mécanique et géométrique régulent la morphogenèse des tissus.