Le toucher est l’un des sens le plus sollicité dès la naissance et demeure essentiel tout au long de la vie pour diverses fonctions, y compris pour la modulation de la douleur. Longtemps attribuée aux neurones sensoriels appelés Aβ-LTMRs, cette fonction a été décrite dans la théorie du portillon, illustrant comment les Aβ-LTMRs, inhibant la douleur en conditions naïves, peuvent, après une lésion, accéder à la voie de la douleur et provoquer ainsi une hypersensibilité mécanique.
L’année 1939 a marqué un tournant dans le domaine de la sensibilité tactile cutanée avec la découverte du substrat neuronal du toucher plaisant : les C-LTMRs. Ces neurones sensoriels non myélinisés, innervant la peau poilue, sont présents chez l’humain comme chez la souris. Bien que suggérée par des données récentes, leur fonction dans la modulation de la douleur restait à démontrer. Ce fut l’objectif principal de ce travail de thèse. Pour ce faire, nous avons développé une stratégie de génétique intersectionnelle innovante chez la souris permettant l’ablation sélective in vivo des C-LTMRs. Leur absence conduit à une hypersensibilité mécanique prolongée après une incision plantaire ou une chimiothérapie, démontrant leur rôle important dans la résolution des douleurs post-lésionnelles. Nos analyses transcriptomiques des ganglions dorso-rachidiens et de la corne dorsale de la moelle épinière apportent des éléments mécanistiques périphériques et centraux permettant une compréhension de ces phénotypes de douleurs chroniques.
Ainsi, ces travaux permettent d’intégrer cette composante sensorielle jusque-là négligée au sein de la théorie du portillon classiquement proposée par Melzack et Wall.